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Après quoi Sémione Ivanovitchparut se calmer. Mais, au bout de cinq heures de silence, il se reprit à sermoner Zénobi Prokolitch pour la plus grande stupéfaction de l’assemblée. Et ce n’était pas fini. Le soir, quand Marc Ivanovitch et le pensionnaire Prépoloveinko organisèrent un thé et qu’ils y eurent convié le greffier Océanov, Sémione Ivanovitch quitta son lit et vint se joindre à eux en versant sa quote-part de quinze ou vingt copecks. Ce besoin de thé n’était évidemment qu’un prétexte, car il se mit tout de go à développer copieusement ce thème qu’un homme pauvre, n’étant qu’un homme pauvre, ne saurait songer à faire des économies. Puis, l’occasion se montrant propice. M. Prokhartchine en profita pour avouer sa propre pauvreté. L’avant-veille, il avait même pensé emprunter un rouble à certain insolent, mais maintenant. bien sûr qu’il n’en ferait rien. Un pareil polisson n’aurait eu qu’à aller s’en vanter. Quant à lui. Sémione Ivanovitch. il envoyait chaque mois cinq roubles à sa belle-sœur, sans quoi la pauvre femme fût morte et pourtant, si eût elle été morte, il eût pu depuis longtemps s’acheter un habit neuf. Et il parla ainsi fort longuement, fit si bien passer et repasser à travers ses propos et l’homme pauvre, et la belle-sœur, et les cinq roubles, qu’il finit par s’embrouiller et par se taire.

Ce n’est que trois jours plus tard, alors que personne ne pensait plus à le taquiner et qu’on avait