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que chacun sût fort bien qu’il ne renfermait rien hors quelques frusques dépenaillées. Il y tenait fort et on l’avait même entendu annoncer son intention de se procurer un nouveau cadenas à secret. Le jour qu’entraîné par son imbécillité, Zénobi Prokofitch avait émis cette idée indécente et grotesque que sans doute Sémione Ivanovitch dissimulait ses économies dans ce coffret à l’intention de ses héritiers, toute l’assistance resta atterrée devant les conséquences extraordinaires d’une sortie déplacée.

Tout d’abord, M. Prokhartchine ne sut trouver d’expressions convenables pour rétorquer une insinuation aussi saugrenue. Un long instant s’écoula pendant lequel ne sortirent de sa bouche que des paroles dénuées de toute signification. On finit non sans peine par comprendre que Sémione Ivanovitch reprochait à Zénobi Prokofitch un acte déjà ancien mais marqué au coin de l’avarice la plus sordide, puis qu’il prédisait à l’imprudent l’échec certain de toutes ses tentatives de pénétrer dans le grand monde, en même temps qu’une non moins certaine raclée de la part d’un tailleur auquel le dit Zénobi Prokofitch devait quelque argent. Au surplus, ce n’était qu’un gamin :

— Tu prétends devenir enseigne de hussards ! Tu peux te fouiller ; tu ne le seras jamais et pardessus le marché, quand les chefs connaîtront toutes tes histoires, ils te colleront greffier. Voilà ! Entends-tu, polisson ?