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ment qui que ce fût, et c’est à l’apparence que s’attachent le plus volontiers les railleurs ; cependant cet aspect mal prévenant n’avait pas eu pour lui de fâcheuses conséquences. En effet, Marc Ivanovitch, en sa qualité d’homme de sens, avait nettement pris la défense de Sémione Ivanoviteh et proclamé dans un style heureusement fleuri que Prokhartchine était un homme mûr et sérieux pour qui était passé depuis beaux jours le temps des élégies. En sorte que, si Sémione Ivanovitch n’avait pas d’agréables rapports avec tout ce monde-là, c’était bien uniquement sa faute.

L’attention s’était tout d’abord fixée sur son avarice sordide, que ces messieurs n’avaient pas été longs à découvrir et à mettre à son actif. Ainsi, il ne consentait pour rien au monde à prêter sa théière, fût-ce pour un instant, ce qui se légitimait d’autant moins qu’il ne buvait que fort peu de thé, le remplaçant volontiers par certaine tisane délectable et composée d’herbes champêtres dont il avait toujours une ample provision. Son mode d’alimentation était, d’ailleurs, très particulier. Jamais il ne s’accordait la totalité du menu ordinaire d’Oustinia Féodorovna. Le prix global en étant de cinquante copecks, Sémione Ivanovitch n’en consommait que la valeur de vingt-cinq copecks qu’il se faisait servir par portions : du stchi, avec un morceau de pâté ou un plat de viande, mais, le plus souvent, il ne prenait ni