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trois, en cas que je le voulusse, et, dans ce but…

— Comment, tous les trois ? s’exclama Elena Ivanovna en me regardant non sans étonnement. Alors, nous y serions tous les trois ensemble ? Ha ! ha ! ha ! que vous êtes donc bêtes tous les deux ! Ha ! ha ! ah ! Je vous y pincerais tout le temps, vilain que vous êtes ! Ha ! ha ! ha ! ah ! ah ! ah !

Et, se rejetant sur le dossier du canapé, elle se mit à rire aux larmes. Le rire, les larmes, tout cela était si délicieux et séduisant que je n’y tins plus et me mis à lui embrasser la main, ce à quoi elle ne s’opposa pas, tout en me tirant les oreilles en signe de réconciliation.

Là-dessus, nous devînmes fort gais et je lui contai en détail tous les plans d’Ivan Matveïtch. L’idée des soirées-réceptions dans ses salons lui plut extrêmement.

— Seulement, remarqua-t-elle, il va me falloir plusieurs robes nouvelles et il est urgent qu’Ivan Matveïtch m’envoie au plus vite une bonne somme d’argent.

Puis elle ajouta pensive ;

— Mais, comment fera-t-on pour me l’amener dans son bac ? C’est très ridicule. Je ne veux pas qu’on trimballe mon mari dans cette baignoire. J’en aurais honte devant mes hôtes… Je ne veux pas ! non, je ne veux pas…

— A propos, pendant que j’y pense, est-ce que Timotheï Semionitch est venu vous voir hier soir ?