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tre ! il vient d’avaler un fonctionnaire tout entier ! clamait le propriétaire.

— Notre Karlo ! notre cher Karlo ! il va mourir ! hurlait la mère

— Nous voici orphelins et sans pain ! — reprenait l’homme.

— A battre ! à battre ! ne se lassait pas de vociférer Elena Ivanovna pendue au pan de la redingote de l’Allemand.

— Aussi, il taquinait mon crocodile. Qu’avait-il. votre mari, à taquiner mon crocodile ? braillait celui-ci en se dégageant. Si Karlo éclate, vous me le paierez. C’était mon enfant, mon seul enfant.

J’avoue que l’égoïsme de cet Allemand de passage et la sécheresse de cœur de sa mère m’indignaient beaucoup. Cependant, les cris ininterrompus d’Elena Ivanovna : « A battre ! à battre ! » m’inquiétaient encore plus et finirent par captiver toute mon attention. J’en étais sérieusement effrayé.

Or. j’avais mal interprété le sens de ces étranges exclamations. Je me figurais que. tout en ayant momentanément perdu la raison, mais quand même désireuse de venger son cher Ivan Matveïtch, elle proclamait son droit à une satisfaction et demandait que le crocodile fut puni par les verges. Cependant, elle entendait tout autre chose.

Guignant la porte, non sans une certaine contusion. je suppliai Eléna Ivanovna de se calmer et surtout de ne pas employer ce mot scabreux :