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J’ajoutais que je serais allé chez eux, mais que j’avais mal à la tête et surtout que j’étais honteux. Je fus surtout content de cette légèreté, de cette nonchalance même (cependant tout à fait convenable) qui s’était réfléchie sous ma plume et qui devait leur faire comprendre mieux que toutes les raisons possibles que je regardais les vilenies de la veille d’une façon assez cavalière : je ne suis pas du tout mort du coup, messieurs, comme vous le croyiez sans doute, mais, au contraire, je regarde cela comme doit le regarder tranquillement un gentleman qui se respecte. « On ne reproche pas le passé à un brave garçon. »

Quel enjouement de grand seigneur ! me disais-je avec admiration en relisant le billet. Tout cela parce que je suis intelligent et instruit ! D’autres, à ma place, ne sauraient s’arranger, et moi j’ai su me tirer de là et je ferai encore la noce, toujours parce que je suis un homme intelligent et instruit. Oui, mais, peut-être, tout cela est-il arrivé hier à cause de l’alcool. Hem… mais non, la faute n’en est pas à l’alcool. Je n’ai pas du tout bu d’eau-de-vie, de cinq à six. quand je les attendais. J’ai menti à Simonov ; j’ai menti honteusement ; et maintenant encore je n’ai pas honte…

Et d’ailleurs, je m’en fiche ! Le principal, c’est que je m’en sois débarrassé.

Je plaçai dans la lettre six roubles, je la cachetai et je priai Apollon de la porter à Simonov. Ayant