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donné un soufflet : mon initiative : et d’après les lois de l’honneur c’est tout : il portera le sceau de l’infamie et ce n’est pas avec les coups qu’il pourra se laver de l’injure du soufflet.il n’aura qu’à se battre en duel ! Il devra se battre. Qu’ils me rouent de coups à présent. Qu’ils le fassent, les ingrats ! Ce sera surtout Troudolubov : il est si fort : Fertîtchkme s’accrochera par côté et s’agrippera sûrement à mes cheveux, j’en suis certain. Mais tant pis. tant pis ! J’y vais quand même. Leurs têtes de mouton devront bien comprendre enfin, dans toute cette tragédie ! Quand ils me traîneront jusqu’à la porte, je leur crierai qu’en réalité ils ne valent même pas mon petit doigt. Marche donc, marche ! » criai-je au cocher. Il tressaillit et donna un coup de fouet. J’avais crié comme un sauvage.

« Nous nous battrons à l’aube, c’est décidé. J’en ai fini avec mon bureau. Mais où donc prendrai-je des pistolets ? Tiens ! Je me ferai faire une avance sur mon traitement et je m’en achèterai. De la poudre, des halles. Ça. c’est l’affaire des témoins. Mais comment organiser tout cela avant l’aube ? Où prendrai-je des témoins ? Je ne connais personne… Quelle absurdité ! criai-je, — et le tourbillon se soulevait davantage, — quelle absurdité ! Le premier venu dans la rue, auquel je m’adresserai, est obligé d’être mon témoin, absolument, comme on est obligé de se jeter à l’eau pour sauver quelqu’un qui se noie. Les circonstances les plus