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— Je veux porter une santé moi-même, à part ; et alors je boirai, monsieur Troudolubov !

— Vilain rageur ! grogna Simonov.

Je me redressai sur ma chaise et pris la coupe d’une main fiévreuse, me préparant à quelque chose d’extraordinaire, et ne sachant pas encore moi-même ce que j’allais dire.

— Silence ! cria Ferfîtchkine. Ce que cela va être fort !

Zverkov attendait très gravement, comprenant ce qui se préparait.

— Monsieur le lieutenant Zverkov. commençai-je. sachez que je déteste les phrases, les phraseurs et les tailles serrées… C’est un premier point, auquel suivra un deuxième.

Tous firent un mouvement.

— Deuxième point : je hais la débauche et les débauchés. Et surtout les débauchés ! Troisième point : j’aime la vérité, la sincérité et la probité, continuai-je presque machinalement, déjà glacé d’effroi, sans comprendre comment je pouvais parler ainsi… J’aime la pensée, monsieur Zverkov ; j’aime la véritable camaraderie, à égalité complète, non pas… hum… J’aime… Mais d’ailleurs, pourquoi pas ? Et je vais boire à votre santé, monsieur Zverkov ! Séduisez les Circassiennes, tirez sur les ennemis de la patrie, et… et… A votre santé monsieur Zverkov !

Zverkov se leva, me salua et dit :