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Avec un sourire sarcastique et son chapeau à la main, Mozgliakov rentra dans le grand salon. Je ne sais pourquoi il se considérait comme offensé et ne voulut pas consentir à danser. Un air tristement distrait, un sourire méphistophélique ne quittèrent plus son visage. Il s’accouda dans une pose pittoresque à une colonne (comme exprès, le salon avait des colonnes), et pendant toute la soirée, plusieurs heures de suite, il resta à la même place, suivant du regard Zina. Mais, hélas ! tous ces trucs, toutes ces mines, cet air romantique et désillusionné, etc., etc., ne lui réussissent pas ! Zina ne le remarqua point. Enfin, las, exaspéré, les pieds engourdis par l’immobilité, affamé, car il n’avait pas soupé pour mieux tenir son rôle d’amoureux dolent, il rentra chez lui exténué, abattu. Et, long temps, il ne se coucha pas, songeant au passé… Dès le lendemain, il brigua et obtint une mission qui le ramena à Pétersbourg. Son âme se rasséréna en quittant la