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— Eh bien ?

— Une certaine personne est liée avec elle, et, paraît-il, compte lui faire souvent visite à Pavlovsk. Elle a un but.

— Eh bien ?

— Aglaé Ivanovna…

— Oh, assez, Lébédeff ! interrompit le prince avec une sensation pénible, comme si on l’avait touché à un endroit douloureux. — Tout cela… ne signifie rien. J’aimerais mieux savoir quand vous partirez. Pour moi, le plus tôt sera le mieux, car je suis descendu à l’hôtel…

Tout en causant, ils étaient sortis du jardin ; sans rentrer dans la maison, ils traversèrent la cour et s’approchèrent de la porte.

— Eh bien, voici ce qu’il y a de mieux à faire, répondit Lébédeff : — quittez votre hôtel, venez dès aujourd’hui loger chez moi, et, après-demain, nous partirons tous ensemble pour Pavlovsk.

— Je verrai, dit le prince d’un air songeur, et il se retira. Lébédeff le regarda s’éloigner, frappé de la distraction subite du visiteur, qui, en sortant, n’avait pensé ni à lui dire adieu, ni même à le saluer. Cet oubli devait d’autant plus étonner l’employé qu’il connaissait la politesse irréprochable du prince.

III

Il était déjà près de midi. Le prince savait que le seul membre de la famille Épantchine qu’il pouvait, — et encore tout au plus, — trouver à la ville, était le général, retenu à Pétersbourg par son service. S’il avait la chance de rencontrer Ivan Fédorovitch, peut-être celui-ci le prendrait-il avec lui pour l’emmener aussitôt à Pavlovsk, mais il y avait une visite que le prince tenait beaucoup à faire auparavant. Au