Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
VENGEANCE FATALE

— Cela est très bien, mais je suis pressé. Quelle somme vous faut-il ?

— Pas plus de trois cents dollars.

Edmond le regarda méchamment un instant, puis il se mit à rire bruyamment.

— Mais qu’avez-vous donc à rire demanda le fermier ? je veux avoir mon argent. Puisque vous êtes si pressé dépêchez-vous donc.

À son tour Victor s’approcha de lui en le regardant d’un air narquois, mais sans dire un mot.

La peur commença alors à saisir le fermier sérieusement. Il regarda autour de lui et il s’aperçut qu’il était prisonnier.

Puivert n’était pas brave.

En retour, il avait beaucoup d’audace ; ce fut par l’audace qu’il espéra échapper au piège dans lequel il se voyait entraîné.

— Voyons ! Pas trop de ricannement à propos de rien, dit-il, et vite, mon argent !

Edmond ne bougea pas, se contentant de regarder fixement le fermier.

— Vous rappelez-vous les dates où vous êtes venu déposer de l’argent chez moi, demanda-t-il à Puivert ?

— Certainement, répondit effrontément ce dernier.

Et il chercha dans un livret les trois reçus qu’Edmond lui avait livrés la veille, pendant le trajet de Ste-Anne à Montréal.

Sans doute, une convention devait exister entre Edmond et Victor à cet effet, car au moment même où Puivert tendait ses reçus au premier, Victor les lui arracha des mains et les déchira.

Le fermier poussa un cri : son espérance venait de