Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
VENGEANCE FATALE

Mais Victor n’était pas rendu à la porte qu’elle s’ouvrit d’elle-même pour donner passage à sa mère. Au lieu de servir le souper, poussée par la curiosité, la vieille mégère était montée peu de temps après Narcisse et avait entendu toute la conversation de ce dernier avec son fils. En apprenant que tous les deux l’acceptaient dans leur complot, la joie qu’elle en éprouva la trahit, et comme elle n’avait plus besoin de cacher son espionnage, elle poussa la porte et entra dans la chambre de Victor.

— Ne craignez rien de moi, dit-elle, ce n’est pas moi qui vous dénoncerai. J’ai entendu toute votre conversation et, loin de vous nuire, je vais vous aider à sortir d’une situation embarrassante pour vous deux.

— Situation embarrassante en effet, fit Narcisse. Tâchez de nous ouvrir la porte de ce dédale sans issue et je reconnaîtrai comme toujours, votre génie chaque fois qu’il y a à faire un mauvais coup.

— Eh bien, dit la vieille, je crois que nous pouvons arranger toutes nos affaires sans trop de danger. Toi, Narcisse, prétexte demain une maladie, qui t’empêche d’aller au magasin. Dans la matinée, Victor et moi nous vendrons les objets en recel et…

— Nous partons au plus vite, acheva Victor.

— Niais, ne vois-tu pas que nous passerions, avec raison pour les coupables ?

— Mère Dupuis, j’accepte votre plan, dit Narcisse, seulement avant de partir, pour prévenir le cas où vous vous sauveriez avec tous les fonds, vous allez me signer un billet que vous avez recelé des bijoux que vous saviez volés, et dont vous avez partagé les profits avec le voleur.