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VENGEANCE FATALE

Quant à son éducation, elle n’avait fait que révéler chez lui un caractère vagabond et incorrigible. À dix ans il savait à peine lire ; mais personne de son âge ne l’eût égalé pour manier la godille, conduire une embarcation ou pour dénicher les oiseaux. Rarement une journée se passait sans qu’il eût quelque querelle avec ses camarades.

Le sort voulut qu’un jour, à la suite de ces incartades d’enfants, un des petits batailleurs reçut une pierre à la tête. Le sang coula assez fort pour que l’on craignit, pendant quelque temps, pour les jours du petit blessé. Qui avait jeté la pierre ? c’est ce que l’on ne sut jamais au juste ; ce fut cependant sur Raoul que se portèrent les soupçons, et les parents de l’enfant malade se plaignirent à M. de Lagusse qu’ils menacèrent d’un procès, s’il ne déployait plus de vigilance à la conduite de son fils récalcitrant. Le soir, Raoul recevait de son père une sévère correction.

Le lendemain, il ne parut pas au déjeuner ; on le chercha partout, mais il avait disparu de la maison. On ne le vit pas de la journée, personne ne s’occupa d’abord de cet événement ; on était habitué à ses escapades. Mais arriva la nuit sans que Raoul donnât signe de vie. La pauvre mère était inquiète ; le père n’était pas très rassuré. Le jour suivant, de bonne heure, on se mit à la recherche du petit déserteur.

On le trouva tranquillement assis dans une rue peu éloignée du logis paternel, grignotant philosophiquement un morceau de pain sec ; c’était là tout son déjeuner. C’est là aussi qu’il avait couché à la belle étoile.

On le ramena à la maison.