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VENGEANCE FATALE

sentiments de l’amour ou de la paternité, ou encore d’une affection réelle. Tel était Darcy.

Enfin Hortense, lasse du mutisme inusité de son père, le lui reprocha et lui en demanda la cause. Cette voix fit tressaillir Darcy.

— Enfant, fit-il, ne suis-je pas aujourd’hui comme d’habitude ?

— Hortense a raison, mon père, vous avez l’air quelque peu souffrant.

Peut-être Darcy allait-il se trouver incapable de signifier sa volonté à Hortense, ainsi qu’il l’avait promis à Edmond Marceau, lorsqu’il reçut une visite assez inopportune pour ranimer sa colère et lui apporter le courage dont il semblait manquer.

— Il y a quelqu’un qui demande à parler à Monsieur sur le champ, fit une servante de table, après avoir été à la porte.

— Le nom de ce visiteur ? demanda Darcy.

— Il m’a dit de taire son nom.

La figure de Darcy revêtit l’étonnement, celles de Mathilde et d’Hortense, la curiosité.

Le chef de la famille se rendit au salon, où il trouva Louis.

— Bonjour, Monsieur Hervart, fit-il, en affectant une politesse froide ; voilà près de huit jours que je ne vous ai vu ici.

Louis ne répondit rien en voyant que Darcy ne lui offrait pas de siège.

Cette apparence froide de l’étudiant échauffa la colère du père de Mathilde.

— Monsieur Hervart, dit-il, je connais le but de