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VENGEANCE FATALE

repousse entièrement de notre association. Sa figure me répugne et, suivant moi, il ne reculerait pas devant la trahison de ses meilleurs amis, du moment qu’il y trouverait le moindre profit.

— Je crains Victor, là est la raison qui me porte à le faire entrer dans notre complot, car s’il en était informé, il serait capable de me tuer ou de me dénoncer à la justice.

— Comme il me juge bien, pensa Victor.

— Cela ne nous regarde pas, dit une autre voix que Victor ne put reconnaître. En effet il ne s’était jamais trouvé en contact avec Darcy.

— Mais cela me regarde, moi, répliqua Edmond et je ne voudrais pas me lancer dans un bateau aussi fragile sur une mer aussi agitée.

— M’est avis plutôt que vous vous lancez dans la poésie avec vos métaphores ; moins de celles-ci s’il vous plait ! et plus de réalité ; si votre homme vous gêne, faites le disparaître.

— Je serai bien forcé d’en arriver là. J’essayerai d’un moyen assez simple, j’invite Victor à venir goûter un vin nouveau dans cette cave, je glisse dans son verre quelques gouttes d’une liqueur connue de moi seul, et voilà mon homme plongé dans un sommeil dont il ne doit plus se réveiller. Maintenant je passe aux conditions.

— Que demandes-tu ? fit Darcy.

— D’abord, il me faut six mille dollars.

— Tu les auras.

— Je veux de plus que vous m’accordiez la main de votre fille, Hortense.