Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
VENGEANCE FATALE

rêt fort bas, lui avaient permis d’augmenter considérablement sa fortune par des placements hardis et heureux. Darcy savait aussi que son locataire, par précaution vis-à-vis de clients envers lesquels sa responsabilité augmentait de plus en plus, tenait toujours ses fonds soigneusement déposés dans un meuble souvent remarqué par lui dans le bureau de travail du négociant. S’approprier cet argent, telle fut dès lors la pensée dominante de Darcy.

Or la présence à Montréal d’un diplomate distingué fut la cause d’un festin offert par la cité à cet étranger. Darcy et Delaunay devaient y assister. Cette circonstance parut au premier le moment d’exécuter le plan qu’il avait conçu.

Puivert fut en conséquence notifié de surveiller le logis de Delaunay et, après avoir vu sortir celui-ci, d’aller sans retard en avertir Darcy. Le diligent Puivert obéit de point en point, et bientôt après il accompagnait Darcy qui avait averti sa femme qu’il ne prendrait pas chez lui le repas du soir.

Pour arriver à l’endroit où devait avoir lieu le dîner en question, Darcy devait passer devant l’édifice loué de lui par Delaunay. Il résolut d’y entrer en évitant, autant que possible, le plus léger bruit. En homme prudent il possédait des clefs pour toutes ses maisons, dont le nombre, considérable autrefois, avait diminué sensiblement. Puivert attendait à quelques pas seulement, prêt à répondre au premier appel de son maître.

Depuis quelques mois à peine, madame Delaunay était devenue mère d’une petite fille, qui devait être, plus tard, la fiancée de Louis Harvart. La moindre