Page:Dorian - Poèmes lyriques, Marpon et Flammarion.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


BLANCHEURS NOCTURNES


 
Hier la plage était une plaine aveuglante
Sous l’œil évocateur de la lune en son plein,
Et l’océan rampait, avec sa force lente
Au frisson déferlant de son reflux félin. —

Hier la nuit vivante était l’apothéose,
Dans son intensité, de nos rêves vivants ;
La nature berçait d’un calme grandiose
Le repos fugitif des vagues et des vents.

Et vous vous étaliez, nappes d’argent fluide
Dans des brumes d’opale, et les brouillards lactés
Roulaient, pli sur pli, flot sur flot, ride sur ride,
Le voile diaphane où vibraient vos clartés.