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V


Laisse brûler sur moi l’ardeur de tes regards :
Ta lèvre sur la mienne aspirer tout mon être,
Tes désirs assoiffés étreindre sans retards
Ma force terrassée en tes bras, ô mon maître !
Viens sur mon sein fléchir son orgueil indompté ;
Viens, ma pensée esclave est traînée en ta laisse,
Verse-moi le venin mortel de ta beauté,
Verse à ma soif le vin du sang de ta jeunesse,

Viens sous tes sombres yeux briser ma volonté !

Que la mort à ta voix descende sur ma vie,
Que ton souffle incendie en mes veines l’enfer !
Je boirai tous les maux, à ta lèvre asservie,
Sois l’épée et la chaîne et la coupe et le fer !…
Je veux au ciel subtil de ta superbe joie
Courber mon front pâli qui ne sut point plier ;
Comme le grand soleil, le soir, se lasse et noie
Dans un embrasement son fauve bouclier…

Que mon cœur sous ton cœur triomphant tremble et ploie !