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III


Cet amour qu’il ignore un jour sera sa gloire :
Il le revêtira des pourpres du couchant,
Et les échos vivants d’une haute mémoire
Diront aux fils des morts l’impérissable chant.

Ses lauriers fleuriront au fronton de l’histoire,
Dans un sillon creusé par un glaive tranchant :
Et leur vigueur vaincra cette semence noire
D’où germe l’asphodèle en son funèbre champ.

Comme un feu triomphal surgit hors de la tombe,
Sur son sentier mortel l’amour a mis son nom ;
Comme un reflet stellaire ou quelque blanc pennon,

Qui sur les profondeurs jaillit, flamboie et tombe,
Sa beauté ne craint pas le néant où succombe
Tout soleil qu’oublia de saluer Memnon.