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LE DJIGHIT

 
La brume monte et la brise nocturne
Plie en pleurant le tronc des noirs cyprès ;
Dans le ravin l’eau, comme au fond d’une urne,
Bouillonne et gronde en roulant sur les grès.

Aux pieds des rocs, dans l’humide vallée,
Git, les yeux clos, un fils du Daghestan ;
Il est blessé : sa paupière est voilée
D’ombre, et le sang rougit son noir kaftan.

Il rêve : il voit ses collines natales,
Les soirs d’automne, embaumés de rosiers ;
Aux chants joyeux, au bruit sourd des crotales ;
La danse lente autour des grands brasiers ;