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sa journée au Zanzibar. Ce qu’il faut, c’est la paix. C’est honteux de faire durer cette saloperie-là.

À cheval sur une chaise, l’air éreinté, les joues blêmes et les oreilles écarlates, un buveur, un peu saoul, mâchonnait son avis :

— Paix ou pas paix, c’est trop tard, c’est une défaite. Rien à faire, je vous dis, le coup est joué. Pour nous autres, c’est une défaite.

Sulphart leva la tête et dévisagea celui qui parlait ainsi.

— Moi, lui dit-il, je dis et je prétends que c’est une victoire.

Le buveur le regarda et haussa les épaules.

— Pourquoi ça, que c’est une victoire ?

Sulphart déconcerté chercha un instant, ne trouvant pas tout de suite les mots qu’il fallait pour exprimer son farouche bonheur. Puis, sans même comprendre la terrible grandeur de son aveu, il répondit crûment :

— J’trouve que c’est une victoire, parce que j’en suis sorti vivant…