Page:Dorchain - L’Art des vers, 1921.djvu/414

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais tu cherches peut-être, en ton âme ingénue,
Quels rythmes, quels accords d’une audace inconnue
Pourraient faire au soleil éclater ta venue,

Dans la forêt des mots quels détours, quels combats,
Quels chemins non frayés où sonneraient tes pas…
– Ami, ne cherche plus, tu ne trouverais pas.

Si tu dois être un jour marqué du divin signe,
Rien ne t’approchera de cet honneur insigne
Que de le mériter, que de t’en rendre digne ;

Tu ne peux rien de plus, tu ne peux rien de mieux
Que, des fleure de ton âme, avec un soin pieux,
Orner la place auguste où descendront les dieux.


I

Et d’abord, sois fidèle à la chambre d’étude ;
Prends-y sur chaque jour, d’une stricte habitude,
Un temps pour la pensée et pour la solitude.

Fais-en le port caché, l’abri sûr et charmant
Où, dans la paix du cloître et le recueillement,
Tu puisses te trouver toi-même à tout moment,

Laisse à ses vanités l’oisif qui te réclame,
Qui, sans même savoir se chauffer à ta flamme,
Pour dorer son néant ferait brûler ton âme.

N’ouvre qu’à peu d’amis ton cœur et ta maison,
Car ils sont rares ceux qui, sans autre raison,
Te cherchent pour toi-même et dans toute saison.