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— Bienheureux saint Bavon ! fit la bonne femme en s’élançant, qu’a donc le garçon ?

— Venez vite, mère, dit-il d’un air très-excité, piochant de toutes ses forces et faisant à chaque coup pénétrer plus avant le ysbrekker dans le trou déjà pratiqué, ne voyez-vous pas, mère ? c’est ici. Ce ne peut être qu’ici le vrai endroit désigné par le père, là, au côté sud de la vieille souche. Comment n’y avons-nous pas pensé hier au soir ? La souche, c’est ce qui nous reste du vieux saule, celui que vous avez coupé, au printemps dernier, parce qu’il faisait trop d’ombre sur les pommes de terre. Le petit arbre autour duquel nous avons creusé inutilement la nuit dernière, n’existait pas encore au temps où le père a pu… Hurrah ! »

Dame Brinker ne pouvait parler. Elle se laissa tomber sur ses genoux à côté de Hans, juste à temps pour lui voir retirer du trou profond un pot de terre. Il y fourra sa main, et en retira – d’abord un morceau de brique – puis un second – un troisième, et enfin, dessous, il trouva la sacoche noire et moisie, mais contenant encore le trésor si longtemps perdu, tel que le père l’y avait déposé.

Quel moment ! Quels éclats de rire ! Que de pleurs ! Et combien de fois on compta et recompta l’argent en rentrant dans la cabane. Ce fut un miracle que Raff ne se réveillât pas. Ses songes étaient heureux cependant, car il souriait dans son sommeil.

Dame Brinker et ses enfants soupèrent gaiement ce soir-là, je vous assure. Il était bien inutile pour eux de se refuser le nécessaire maintenant.

« Nous nous procurerons des provisions fraîches pour le père, demain, fit dame Brinker en mettant sur la table le vin, la viande, la gelée qu’on lui gardait. Oh ! que je suis heureuse de vous voir enfin manger quelque chose de bon, sans regret ! Que Dieu soit loué à jamais d’avoir fait luire ce jour après tant d’épreuves ! »