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voulue pour produire exactement la force requise. Ils s’orientent d’eux-mêmes, se mesurent le vent avec précision, ne lui donnant sur eux que la prise nécessaire. C’est à croire que le meunier peut dès lors dormir sur ses deux oreilles, et que son moulin saurait se diriger tout seul pendant son sommeil. Si le courant d’air est faible, toutes les voiles s’étendent, s’offrant d’elles-mêmes à son moindre souffle. Si le vent est à la tempête, elles se carguent d’elles-mêmes et se soustrairont à ses violences comme des feuilles de mimosa voulant éviter qu’on les touche.

L’une des vieilles prisons d’Amsterdam est appelée « Rasphuis » (maison à râper) ; ce nom lui vient de ce que les voleurs et vagabonds qui y étaient enfermés étaient employés à râper du bois. On y voyait une cellule destinée spécialement aux ouvriers paresseux. Dans un coin de cette cellule était une pompe et dans un autre une ouverture par laquelle entrait perpétuellement un cours d’eau. Le prisonnier avait le choix entre rester tranquille et se noyer ou pomper de toutes ses forces pour préserver sa vie. Ce n’était que lorsqu’il était converti, par l’argument sans réplique de cette situation péremptoire, à la nécessité du travail, qu’il était permis au geôlier de le délivrer. Il me semble que du plus au moins tout bon Hollandais en est là, et que la nature a introduit en Hollande cette petite démonstration sur une grande échelle. Les Hollandais, prisonniers ou non, paresseux ou non, ont toujours été obligés de pomper pour conserver leur existence, et ils devront sans doute continuer à faire ainsi jusqu’à la fin des temps. C’est l’égalité de la pompe mise en pratique sans priviléges possibles.

On dépense, tous les ans, des millions de francs pour réparer les digues et régler les niveaux d’eau. Le pays serait inhabitable si l’on négligeait pendant un seul jour ces devoirs importants. Comme je l’ai dit plus haut, des