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tout seul au souvenir de la grâce flottante de la gaie jupe bleue de la jeune fille. Elle remerciait Dieu de ce que ses frères ne fussent pas comme les Kolp ; et lui grommelait après sa sœur parce qu’elle ne ressemblait pas aux Bowman. Ils semblaient changer de nature lorsqu’ils se rencontraient. La présence de Janzoon rendait Annie dure et impitoyable ; et la vue seule d’Annie rendait Janzoon doux comme un mouton. Ils se rencontraient fort souvent. Annie détestait Janzoon de plus en plus à chaque rencontre, et Janzoon l’aimait au contraire de plus en plus.

« Comme elle me regarde ! pensait Janzoon. Bien, bien, je suis quand même un beau garçon, bronzé par le soleil.

— Janzoon Kolp, impudent garçon, éloignez-vous de moi tout de suite ! lui criait souvent Annie.

— Ha ! ha ! se disait en riant Janzoon, les jeunes filles ne disent jamais ce qu’elles pensent. »

Si bien que, revenant en patinant, ce jour-là, d’Amsterdam, Annie Bowman vit qu’un grand et lourd garçon descendait le canal en même temps qu’elle. Elle se promit de faire semblant de ne pas même l’avoir aperçu.

« Bonjour Annie Bowman, dit une voix agréable.

— Une voix agréable, se dit Annie, ce ne peut pas être la voix de cet insupportable Janzoon. »

Un sourire a vite fait de transformer la figure boudeuse d’une jeune fille. C’est ce qui arriva pour celle d’Annie.

« Bonjour, Hans, je suis vraiment contente de vous rencontrer », répondit-elle.

Un sourire n’illumine pas mal non plus la figure d’un garçon ! Hans, après cette réponse, n’était plus le Hans de tout à l’heure.

« Bonjour, Annie, dit-il. Il est survenu de grands changements à la maison, depuis que vous n’êtes venue.