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— Oui, Dieu les bénisse ! répéta Hans. »

Et pour la première fois, ce jour-là, les yeux du vaillant garçon se remplirent de larmes, mais de larmes si douces !

Ce soir-là, Raff Brinker se sentit si bien, qu’il insista pour s’asseoir un instant auprès du feu, sur la chaise dure à haut dossier. Pendant quelques moments la chaumière fut sens dessus-dessous. Hans se sentait plein d’importance à cette occasion, car son père était lourd et il fallait un bras ferme pour le soutenir. La bonne femme, quoiqu’elle fût loin de ressembler à une de nos dames si fragiles, était dans un tel état d’agitation et d’alarme à l’idée d’agir ainsi sans les ordres du meester, qu’elle faillit jeter son mari par terre au moment où elle se figurait être son principal soutien.

« Doucement, femme, doucement, dit Raff hors d’haleine, suis-je donc devenu si vieux et si faible, ou est-ce la fièvre qui me rend incapable comme cela ?

— Écoutez-le, fit en riant dame Brinker, écoutez-le parler comme tout autre chrétien ! C’est le reste de votre mal qui vous rend faible comme ça, Raff. Voici la chaise bien arrangée chaudement et confortablement. Asseyez-vous à présent. Ah ! grand Dieu ! nous y sommes ! »

En prononçant ces mots, dame Brinker laissa aller doucement sa moitié de fardeau sur la chaise. Hans l’imita prudemment.

Pendant ce temps, Gretel courait de tous côtés, apportant à sa mère toutes sortes d’objets pour soutenir le dos du père ou pour étendre sur ses genoux. Puis elle glissa le banc sculpté sous ses pieds, et Hans donna un coup de pied au feu pour le faire flamber.

Le père était donc levé enfin ! Quoi d’étonnant à ce qu’il regardât autour de lui d’un air encore un peu égaré ? Le petit Hans l’avait presque porté. Le baby avait plus de