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« Gretel, je voudrais parler à la mère toute seule. »

La petite Gretel, qui ne pouvait bien comprendre ce qui se passait, lui jeta un regard indigné, mais elle obéit.

« Gretel, c’est bien, » fit Hans tristement quand il la vit assise hors de portée de la voix.

Dame Brinker et son fils restèrent debout près de la fenêtre, pendant que le docteur et son élève, penchés sur le lit, conversaient à voix basse. Il n’y avait pas de danger de déranger le malade ; il semblait muet et aveugle. Ses plaintes faibles et lamentables indiquaient seules qu’il était encore vivant. Hans parlait sérieusement et à voix basse, car il ne voulait pas que sa sœur entendît.

Dame Brinker, les lèvres sèches et entr’ouvertes, se penchait en avant, fixant sur son visage ses yeux inquiets comme pour y lire ce que ses paroles ne disaient pas. Il y eut un moment où elle laissa échapper un court sanglot tout de suite réprimé, qui fit tressaillir Gretel ; mais après cela, la petite remarqua qu’elle écoutait avec calme.

Lorsque Hans cessa de parler, sa mère se retourna. Elle jeta sur son mari, couché là pâle et insensible, un long regard empreint d’une douleur ineffable, et se mit à genoux à côté du lit. Le reste appartenait à Dieu.

Pauvre petite Gretel ! Que voulait dire tout cela ? Ses yeux questionnaient Hans ; il était debout, mais sa tête était baissée. Il priait, lui aussi. Elle regarda le docteur ; il palpait doucement la tête de son père, et avait l’air d’un joaillier examinant une pierre précieuse. Elle tourna ses regards vers l’étudiant ; il toussa en détournant les yeux. Elle regarda alors sa mère. Ah ! petite Gretel ! c’est ce que vous pouviez faire de mieux. Allez vous agenouiller près d’elle ; jetez vos jeunes bras sympathiques autour de son cou. Pleurez et implorez Celui, qui seul peut tout, de vous venir en aide.

Quand la mère se releva, le docteur Boekman, dont les