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« Laissez dormir les braves jeunes messieurs, dit-elle au marmiton ; ils auront quelque chose de chaud à manger quand ils se réveilleront. »

Il était dix heures lorsque le capitaine et sa compagnie descendirent à la débandade, les uns après les autres.

« Il est bientôt temps, dit l’hôte ironiquement ; voilà une jolie heure pour se présenter devant les magistrats. Tout cela est pour faire honneur à une auberge respectable. »

Mais reprenant son ton sérieux :

« Vous témoignerez sincèrement, n’est-ce pas, jeunes messieurs ? Vous direz que vous avez trouvé au Lion-Rouge une nourriture excellente et un logement confortable.

— Certainement, répondit Karl, qui avait retrouvé tout son aplomb, nous dirons aussi que nous y avons rencontré des gens d’excellente compagnie, quoiqu’ils rendent leurs visites un peu tard. »

M. Kleef le regarda fixement et se contenta de répondre par un « hum ! » Mais la fille fut moins patiente. Faisant danser ses boucles d’oreilles sous le nez de Karl, elle lui dit aigrement :

« Ces visites ne vous ont pas été trop agréables, jeune maître, si l’on en juge par la façon dont vous vous êtes sauvé.

— L’insolente ! » répondit Karl les dents serrées, pendant que le jeune marmiton, qui écoutait derrière la porte, se tordait de rire.

Après déjeuner, les jeunes gens accompagnés de Mynheer Kleef et de sa fille, se rendirent devant les magistrats. La déposition de Mynheer roula principalement sur ce fait qu’on n’avait jamais entendu parler de voleurs au Lion-Rouge avant cette nuit fatale, et que, de plus, l’auberge du Lion-Rouge était une auberge respectable, aussi respectable qu’aucune maison de Leyde. Les jeunes gens témoignèrent chacun à leur tour, disant ce qu’ils savaient de l’affaire,