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tion humaine. Les morceaux de fer trouvés à Montmartre sont des broches que les ouvriers emploient pour mettre la poudre, et qui cassent quelquefois dans la pierre[1].

Cependant les os humains se conservent aussi bien que ceux des animaux, quand ils sont dans les mêmes circonstances. On ne remarque en Égypte nulle différence entre les momies humaines et celles de quadrupèdes. J’ai recueilli, dans des fouilles faites il y a quelques années dans l’ancienne église de Sainte-Geneviève, des os humains enterrés sous la première race, qui pouvaient même appartenir à quelques princes de la famille de Clovis, et qui ont encore très-bien conservé leurs formes[2]. On ne voit pas dans les champs de batailles que les squelettes des hommes soient plus altérés que ceux des chevaux, si l’on défalque l’influence de la grandeur ; et nous trouvons, parmi les fossiles, des animaux aussi petits que le rat encore parfaitement conservés.

Tout porte donc à croire que l’espèce humaine n’existait point dans les pays où se découvrent les os fossiles, à l’époque des révolutions qui ont enfoui ces os ; car il n’y aurait eu aucune raison pour qu’elle échappât toute entière à des catastrophes aussi générales, et pour que ses restes ne se retrouvassent pas aujourd’hui comme ceux des autres animaux : mais je n’en veux pas conclure que l’homme n’existait point du tout avant cette époque. Il pouvait habiter quelques contrées peu étendues, d’où il a repeuplé la terre après ces événemens terribles ; peut-être aussi les lieux où il se tenait ont-ils été entièrement abîmés et ses os ensevelis au fond des mers actuelles, à l’exception du petit nombre d’individus qui ont continué son espèce. Quoi qu’il en soit, l’établissement de l’homme dans les pays

  1. Il n’est pas sans doute nécessaire que je parle de ces fragmens de grès dont on a cherché à faire quelque bruit l’année dernière (1824), où l’on prétendait voir un homme et un cheval pétrifiés. Cette seule circonstance, que c’était d’un homme et d’un cheval avec leur chair et leur peau qu’ils devaient offrir la représentation, aurait dû faire comprendre à tout le monde qu’il ne pouvait s’agir que d’un jeu de la nature et non d’une pétrification véritable.
  2. Feu Fourcroy en a donné une analyse. (Annales du Muséum, tome X, page 1.)