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céros, on n’a jamais découvert le moindre ossement humain. Il n’est guère, autour de Paris, d’ouvriers qui ne croient que les os dont nos plâtrières fourmillent sont en grande partie des os d’hommes ; mais comme j’ai vu plusieurs milliers de ces os, il m’est bien permis d’affirmer qu’il n’y en a jamais eu un seul de notre espèce. J’ai examiné à Pavie les groupes d’ossemens rapportés par Spallanzani de l’île de Cérigo ; et, malgré l’assertion de cet observateur célèbre, j’affirme également qu’il n’y en a aucun dont on puisse soutenir qu’il est humain. L’homo diluvii testis de Scheuchzer a été replacé dès ma première édition à son véritable genre, qui est celui des salamandres ; et dans un examen que j’en ai fait depuis à Harlem, par la complaisance de M. Van Marum, qui m’a permis de découvrir les parties cachées dans la pierre, j’ai obtenu la preuve complète de ce que j’avais annoncé. On voit, parmi les os trouvés à Canstadt, un fragment de mâchoire et quelques ouvrages humains ; mais on sait que le terrain fut remué sans précaution, et que l’on ne tint point note des diverses hauteurs où chaque chose fut découverte. Partout ailleurs les morceaux donnés pour humains se sont trouvés, à l’examen, de quelque animal, soit qu’on les ait examinés en nature ou simplement en figures. Tout nouvellement encore on a prétendu en avoir découvert à Marseille dans une pierre long-temps négligée[1] : c’étaient des empreintes de tuyaux marins[2]. Les véritables os d’hommes étaient des cadavres tombés dans des fentes ou restés en d’anciennes galeries de mines, ou enduits d’incrustation ; et j’étends cette assertion jusqu’aux squelettes humains découverts à la Guadeloupe dans une roche formée de parcelles de madrépores rejetées par la mer et unies par un suc calcaire[3]. Les os humains trouvés

  1. Voyez le Journal de Marseille et des Bouches-du-Rhône, des 27 sept., 25 oct. et 1er. nov. 1820.
  2. Je m’en suis assuré par les dessins que m’en a envoyés M. Cottard, professeur au collège de Marseille.
  3. Ces squelettes plus ou moins mutilés se trouvent près du port du Moule, à la côte nord-ouest de la grande terre de la Guadeloupe, dans une espèce de glacis appuyé contre les bords escarpés de l’île, que l’eau recouvre en grande partie à la haute mer, et qui n’est