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de formes, sans entraîner des changemens dans celui-ci. Les os de l’épaule devront avoir un certain degré de fermeté dans les animaux qui emploient leurs bras pour saisir, et il en résultera encore pour eux des formes particulières. Le jeu de toutes ces parties exigera dans tous leurs muscles de certaines proportions, et les impressions de ces muscles ainsi proportionnés détermineront encore plus particulièrement les formes des os.

Il est aisé de voir que l’on peut tirer des conclusions semblables pour les extrémités postérieures qui contribuent a la rapidité des mouvemens généraux ; pour la composition du tronc et les formes des vertèbres, qui influent sur la facilité, la flexibilité de ces mouvemens ; pour les formes des os du nez, de l’orbite, de l’oreille, dont les rapports avec la perfection des sens de l’odorat, de la vue, de l’ouïe sont évidens. En un mot, la forme de la dent entraîne la forme du condyle, celle de l’omoplate celle des ongles, tout comme l’équation d’une courbe entraîne toutes ses propriétés ; et de même qu’en prenant chaque propriété séparément pour base d’une équation particulière, on retrouverait, et l’équation ordinaire, et toutes les autres propriétés quelconques, de même l’ongle, l’omoplate, le condyle, le fémur, et tous les autres os pris chacun séparément, donnent la dent ou se donnent réciproquement ; et en commençant par chacun d’eux, celui qui posséderait rationnellement les lois de l’économie Organique pourrait refaire tout l’animal.

Ce principe est assez évident en lui-même, dans cette acception générale, pour n’avoir pas besoin d’une plus ample démonstration ; mais quand il s’agit de l’appliquer, il est un grand nombre de cas où notre connaissance théorique des rapports des formes ne suffirait point, si elle n’était appuyée sur l’observation.

Nous voyons bien, par exemple, que les animaux à sabot doivent tous être herbivores, puisqu’ils n’ont aucun moyen de saisir une proie ; nous voyons bien encore que, n’ayant d’autre usage à faire de leurs pieds de devant que de soutenir leur corps, ils n’ont pas besoin d’une épaule aussi vigoureusement organisée : d’où résulte l’absence de clavicule et d’acromion, l’étroitesse de l’omoplate ; n’ayant