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coup plus grande, est cependant beaucoup moins instructive par rapport à l’objet dont il s’agit.

Nous sommes dans l’ignorance la plus absolue sur les causes qui ont pu faire varier les substances dont les couches se composent ; nous ne connaissons pas même les agens qui ont pu tenir certaines d’entre elles en dissolution ; et l’on dispute encore sur plusieurs, si elles doivent leur origine à l’eau ou au feu. Au fond l’on a pu voir ci-devant que l’on n’est d’accord que sur un seul point ; savoir, que la mer a changé de place. Et comment le sait-on, si ce n’est par les fossiles ?

Les fossiles, qui ont donné naissance à la théorie de la terre, lui ont donc fourni en même temps ses principales lumières, les seules qui jusqu’ici aient été généralement reconnues.

Cette idée est ce qui nous a encouragé à nous en occuper ; mais ce champ est immense : un seul homme pourrait à peine en effleurer une faible partie. Il fallait donc faire un choix, et nous le fîmes bientôt. La classe de fossiles, qui fait l’objet de cet ouvrage, nous attacha dès le premier abord, parce que nous vîmes qu’elle est à la fois plus féconde en conséquences précises, et cependant moins connue, et plus riche en nouveaux sujets de recherches[1].

Importance spéciale des os fossiles de quadrupèdes Il est sensible, en effet, que les ossemens de quadrupèdes peuvent conduire, par plusieurs raisons, à des résultats plus rigoureux qu’aucune autre dépouille de corps organisés.

Premièrement, ils caractérisent d’une manière plus nette les révolutions qui les ont affectés. Des coquilles annoncent bien que la mer existait où elles se sont formées ; mais leurs changemens d’espèces pourraient à la rigueur provenir de changemens légers dans la nature du liquide, ou seulement dans sa température. Ils pour-

  1. Mon ouvrage a prouvé en effet à quel point cette matière était encore neuve lorsque je l’ai commencé, malgré les excellens travaux des Camper, des Pallas, des Blumenbach, des Merk, des Soemmering, des Rosenmüller, des Fischer, des Faujas, des Home, et des autres savans dont j’ai eu le plus grand soin de citer les ouvrages dans ceux de mes derniers chapitres auxquels ils se rapportent.