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côté d’aussi nombreuses, d’aussi importantes. Tel n’a vu, par exemple, que la difficulté de faire changer le niveau des mers ; tel autre, que celle de faire dissoudre toutes les substances terrestres dans un seul et même liquide ; tel autre enfin, que celle de faire vivre sous la zone glaciale des animaux qu’il croyait de la zone torride. Épuisant sur ces questions les forces de leur esprit, ils croyaient avoir tout fait en imaginant un moyen quelconque d’y répondre : il y a plus, en négligeant ainsi tous les autres phénomènes, ils ne songeaient pas même toujours à déterminer avec précision la mesure et les limites de ceux qu’ils cherchaient à expliquer.

Cela est vrai surtout pour les terrains secondaires, qui forment cependant la partie la plus importante et la plus difficile du problème. Pendant long-temps on ne s’est occupé que bien faiblement de fixer les superpositions de leurs couches, et les rapports de ces couches avec les espèces d’animaux et de plantes dont elles renferment les restes.

Y a-t-il des animaux, des plantes propres à certaines couches, et qui ne se trouvent pas dans les autres ? Quelles sont les espèces qui paraissent les premières, ou celles qui viennent après ? Ces deux sortes d’espèces s’accompagnent-elles quelquefois ? Y a-t-il des alternatives dans leur retour ; ou, en d’autres termes, les premières reviennent-elles une seconde fois, et alors les secondes disparaissent-elles ? Ces animaux, ces plantes, ont-ils tous vécu dans les lieux où l’on trouve leurs dépouilles, ou bien y en a-t-il qui ont été transportés d’ailleurs ? Vivent-ils encore tous aujourd’hui quelque part, ou bien ont-ils été détruits en tout ou en partie ? Y a-t-il un rapport constant entre l’ancienneté des couches et la ressemblance ou la non ressemblance des fossiles avec les êtres vivans ? Y en a-t-il un de climat entre les fossiles et ceux des êtres vivans qui leur ressemblent le plus ? Peut-on en conclure que les transports de ces êtres, s’il y en a eu, se soient faits du nord au sud, ou de l’est à l’ouest, ou par irradiation et mélange, et peut-on distinguer les époques de ces transports par les couches qui en portent les empreintes ?