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et qui portent dans les êtres inconnus dont ils recèlent les dépouilles l’empreinte de leur origine étrangère[1].

Un sixième fait le globe creux, et y place un noyau d’aimant qui se transporte, au gré des comètes, d’un pôle à l’autre, entraînant avec lui le centre de gravité et la masse des mers, et noyant ainsi alternativement les deux hémisphères[2].

Nous pourrions citer encore vingt autres systèmes tout aussi divergens que ceux-là : et, que l’on ne s’y trompe pas, notre intention n’est pas d’en critiquer les auteurs : au contraire, nous reconnaissons que ces idées ont généralement été conçues par des hommes d’esprit et de savoir, qui n’ignoraient point les faits, dont plusieurs même avaient voyagé long-temps dans l’intention de les examiner, et qui en ont procuré de nombreux et d’importans à la science.

Causes de ses divergences.D'où peut donc venir une pareille opposition dans les solutions d’hommes qui partent des mêmes principes pour résoudre le même problème ?

Ne serait-ce point que les conditions du problème n’ont jamais été toutes prises en considération ; ce qui l’a fait rester, jusqu’à ce jour, indéterminé et susceptible de plusieurs solutions, toutes également bonnes quand on fait abstraction de telle ou telle condition ; toutes également mauvaises, quand une nouvelle condition vient à se faire connaître, ou que l’attention se reporte vers quelque condition connue, mais négligée ?

Nature et conditions du problème.Pour quitter ce langage mathématique, nous dirons que presque tous les auteurs de ces systèmes, n’ayant eu égard qu’à certaines difficultés qui les frappaient plus que d’autres, se sont attachés à résoudre celles-là d’une manière plus ou moins plausible, et en ont laissé de

  1. MM. de Marschall : Recherches sur l’origine et le développement de l’ordre actuel du Monde. Giessen, 1802.
  2. M. Bertrand : Renouvellement périodique des Continens terrestres. Hambourg, 1799.