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poissons, parmi lesquels il y aussi des reptiles d’eau douce. Le schiste cuivreux est porté sur un grès rouge à l’âge duquel appartiennent ces fameux amas de charbons de terre ou de houille, ressource de l’âge présent, et reste des premières richesses végétales qui aient orné la face du globe. Les troncs de fougères dont ils ont conservé les empreintes nous disent assez combien ces antiques forêts différaient des nôtres.

On tombe alors promptement dans ces terrains de transition où la première nature, la nature morte et purement minérale, semblait disputer encore l’empire à la nature organisante ; des calcaires noirs, des schistes qui n’offrent que des crustacés et des coquilles de genres aujourd’hui éteints, alternent avec des restes de terrains primitifs, et nous annoncent que nous arrivons à ces formations les plus anciennes qu’il nous ait été donné de connaître, à ces antiques fondemens de l'enveloppe actuelle du globe, aux marbres et aux schistes primitifs aux gneiss et enfin aux granits.

Telle est l’énumération précise des masses successives dont la nature a enveloppé ce globe ; la géologie l’a obtenue en combinant les lumières de la minéralogie avec celles que lui fournissaient les sciences de l’organisation ; cet ordre, si nouveau et si intéressant de faits, ne lui est acquis que depuis qu'elle a préféré des richesses positives données par l’observation, à des systèmes fantastiques, à des conjectures contradictoires sur la première origine des globes et sur tous ces phénomènes, qui, ne ressemblant en rien à ceux de notre physique actuelle, ne pouvaient y trouver, pour leur explication, ni matériaux, ni pierre de touche. Il y a quelques années, la plupart des géologistes pouvaient être comparés à des historiens qui ne se seraient intéressés dans l’histoire de France qu’à ce qui s’est passé dans les Gaules avant Jules-César ; mais encore ces historiens s’aident-ils en composant leurs romans de la connaissance des faits postérieurs, et les géologistes dont je parle négligeaient précisément les faits postérieurs, qui seuls pouvaient réfléchir quelque lueur sur la nuit des temps précédens.

Il ne me reste, pour terminer ce discours, qu’à présenter le ré-