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partie de ceux dont cette antique histoire devra se composer ; mais plusieurs d’entre eux conduisent à des conséquences décisives, et la manière rigoureuse dont j’ai procédé à leur détermination me donne lieu de croire qu’on les regardera comme des points définitivement fixés et qui constitueront une époque dans la science. J’espère enfin que leur nouveauté m’excusera si je réclame pour eux l’attention principale de mes lecteurs.

Mon objet sera d’abord de montrer par quels rapports l’histoire des os fossiles d’animaux terrestres se lie à la théorie de la terre, et quels motifs lui donnent à cet égard une importance particulière. Je développerai ensuite les principes sur lesquels repose l’art de déterminer ces os, ou, en d’autres termes, de reconnaître un genre et de distinguer une espèce par un seul fragment d’os, art de la certitude duquel dépend celle de tout mon travail. Je donnerai une indication rapide des espèces nouvelles, des genres auparavant inconnus que l’application de ces principes m’a fait découvrir, ainsi que les diverses sortes de terrains qui les recèlent ; et, comme la différence entre ces espèces et celles d’aujourd’hui ne va pas au delà de certaines limites, je montrerai que ces limites dépassent de beaucoup celles qui distinguent aujourd’hui les variétés d’une même espèce : je ferai donc connaître jusqu’où ces variétés peuvent aller, soit par l’influence du temps, soit par celle du climat, soit enfin par celle de la domesticité. Je me mettrai par là en état de conclure et d’engager mes lecteurs à conclure avec moi, qu’il a fallu de grands événemens pour amener les différences bien plus considérables que j’ai reconnues : je développerai donc les modifications particulières que mes recherches doivent introduire dans les opinions reçues jusqu’à ce jour sur les révolutions du globe ; enfin j’examinerai jusqu’à quel point l’histoire civile et religieuse des peuples s’accorde avec les résultats de l’observation sur l’histoire physique de la terre, et avec les probabilités que ces observations donnent touchant l’époque où les sociétés humaines ont pu trouver des demeures fixes et des champs susceptibles de culture, et où par conséquent elles ont pu prendre une forme durable.