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corne commence au 20 de juin, et vient par conséquent immédiatement après le solstice d’été, il en conclut qu’à l’origine le capricorne lui-même était au solstice d’été, et ainsi, des autres signes comme l’avait prétendu Dupuis.

Mais indépendamment de tout ce qu’il y a de hasardé dans ces étymologies, Raige ne s’aperçut point que c’est par un pur hasard que cinq ans après la bataille d’Actium, en l’année 25 avant Jésus-Christ, à l’établissement de l’année fixe d’Alexandrie, le premier jour de thoth se trouva correspondre au 29 d’aout Julien, et y correspondit depuis lors. C’est seulement de cette époque que les mois égyptiens commencèrent à des jours fixes de l’année julienne, mais à Alexandrie seulement ; et même Ptolomée n’en continua pas moins d’employer dans son Almageste l’ancienne année égyptienne avec ses mois vagues[1].

Pourquoi n’aurait-on pas à une époque quelconque donné aux mois les noms des signes ou aux signes les noms des mois, tout aussi arbitrairement que les Indiens ont donné à leurs vingt-sept mois douze noms choisis parmi ceux de leurs maisons lunaires, d’après des motifs qu’il est impossible de deviner aujourd’hui[2]?

L’absurdité qu’il y aurait eue à conserver pendant quinze mille ans aux constellations des figures et des noms symboliques qui n’auraient plus offert aucun rapport avec leur position, aurait été bien plus sensible si elle fût allée jusqu’à conserver aux mois ces mêmes noms qui étaient sans cesse dans la bouche du peuple, et dont l’inconvenance se serait fait apercevoir à chaque instant.

Et que deviendraient en outre tous ces systèmes si les figures et

    de M. Remi Raige sur le zodiaque nominal et primitif des anciens Égyptiens. Voyez aussi la table des mois grecs, romains et alexandrins dans le Ptolomée de M. Halma, tome III.

  1. Voyez les Recherches historiques sur les observations astronomiques des anciens, par M. Ideler, dont M. Halma a inséré la traduction dans le troisième tome de son Ptolomée ; et surtout le Mémoire de Fréret sur l’opinion de Lanauze, relative à l’établissement de l'année d’Alexandrie, dans les mémoires de l’Académie des belles-lettres, tome XVI, page 308.
  2. Voyez le Mémoire de sir Will. Jones sur l’antiquité du zodiaque indien, Mém. de Calcutta, tome II.