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pays[1]. Le capricorne, animal à queue de poisson, marquera le commencement de l’élévation du Nil au solstice d’été ; le Verseau et les poissons, les progrès et la diminution de l’inondation ; le taureau, le labourage ; la vierge, la récolte ; et ils les marqueront aux époques où en effet ces opérations ont lieu. Dans cette hypothèse le zodiaque aura quinze mille ans[2] pour un soleil supposé au premier degré de chaque signe, plus de seize mille pour le milieu, et quatre mille seulement, en supposant que l’emblème a été donné au signe à l’opposite duquel était le soleil[3]. C’est à quinze mille ans que s’est attaché Dupuis, et c’est sur cette date qu’il a fondé tout le système de son fameux ouvrage.

Il ne manque cependant pas de gens qui, tout en admettant que le zodiaque a été inventé en Égypte, ont imaginé des allégories applicables à des temps postérieurs. Ainsi, selon M. Hamilton, la vierge représenterait la terre d’Égypte lorsqu’elle n’est pas encore fécondée par l’inondation ; le lion, la saison où cette terre est le plus livrée aux bêtes féroces, etc.[4].

Cette haute antiquité de quinze mille ans entraînerait d’ailleurs cette conséquence absurde que les Egyptiens, ces hommes qui représentaient tout par des emblèmes, et qui devaient attacher un grand prix à ce que ces emblèmes fussent conformes aux idées qu’ils devaient peindre, auraient conservé les signes du zodiaque des milliers d’années après qu’ils ne répondaient plus en aucune manière à leur sens primitif.

Feu Remi Raige chercha à soutenir l’opinion de Dupuis par un argument tout nouveau[5]. Ayant remarqué que l’on peut trouver aux noms égyptiens des mois, en les expliquant par les langues orientales, des sens plus ou moins analogues aux figures des signes du zodiaque, trouvant dans Ptolomée qu’epifi qui signifie capri-

  1. Voyez le mémoire sur l’origine des constellations dans l’Origine des Cultes de Dupuis, tome III, pages 324 et suivantes.
  2. Idem, tome III, page 267.
  3. Dupuis suggère lui-même cette seconde hypothèse, ibid. pag. 340.
  4. Ægyptiaca, pag. 215.
  5. Voyez, dans le grand ouvrage sur l’Égypte, Antiquités, Mémoires, tome I, le Mémoire