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dre les nouveaux détours qu’on emploie, qu’on emploiera encore pour nous tromper.

Cependant, voyez quels avantages cette conduite donnoit à la cour ; ce n’étoit point assez de paralyser le corps législatif, de contredire le vœu du peuple impunément, et de l’aveu du peuple même, de prendre sur l’assemblée nationale un fatal ascendant, et de paroître, aux yeux de la nation, l’arbitre des destinées de l’état ; elle parvenoit à son but favori, de s’entourer d’une grande force publique à ses ordres, et de nous constituer en état de guerre, sans exciter la défiance, sans trahir ses désirs et son secret, en paroissant se rendre au vœu de l’assemblée nationale. La protection constante que le ministère avoit accordée aux émigrations et aux émigrans ; son attention à favoriser la sortie des armes et de notre numéraire ; son silence imperturbable sur tout ce qui se passoit depuis deux ans chez les princes étrangers ; le concert ardent qui régnoit entre lui et les cours de l’Europe ; le refus constant de se rendre aux plaintes de tous les départemens qui demandoient des armes pour les gardes nationales ; tous les faits qui annonçoient le projet de nous placer entre la crainte d’une guerre extérieure et le sentiment de notre