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pas de la sépulture. « L’amour, dit Diogène au dixième livre, n’est pas un présent des dieux. » Le sage n’affecte pas une élégance prétentieuse dans ses discours. Les plaisirs de l’amour ne sont jamais utiles, heureux quand ils ne sont pas nuisibles. « Le sage, dit encore Épicure dans les Doutes et dans les traités sur la Nature, peut se marier et avoir des enfants[1] ; cependant il y a dans la vie des circonstances qui doivent le détourner du mariage. » Épicure dit encore, dans le Banquet, que le sage ne doit pas parler[2] étant ivre, et dans le premier livre des Vies il lui interdit le maniement des affaires et la tyrannie. « Il évitera, dit-il au second livre des Vies, les habitudes cyniques ; il ne mendiera pas. Si on lui crève les yeux, dit-il dans le même ouvrage, il ne renoncera pas pour cela à jouir de la vie. » Le sage peut éprouver de la douleur, suivant Diogène au quinzième livre des Opinions choisies ; il peut avoir des procès, laisser des ouvrages. Il évite les fêtes publiques ; il peut songer à sa fortune et à l’avenir ; il aime la vie des champs et lutte courageusement contre la fortune ; il se garde de blesser ses amis et ne s’inquiète de la renommée qu’autant qu’il le faut pour n’être point méprisé. Personne ne trouve autant de jouissance que lui dans l’étude.

Les fautes ne sont pas égales. La santé est un bien pour quelques-uns ; pour d’autres elle est indifférente. Le courage n’est pas une vertu innée, il dérive de considérations intéressées. L’amitié a également l’utilité pour but ; cependant on doit en faire les premiers frais, de même qu’on ensemence la terre pour re-

  1. Je rétablis le texte des manuscrits.
  2. Je lis : Ούδέ μέντοι ῤήσεζν