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vue en particulier sont formés d’une vapeur extrêmement chaude ; c’est pour cela qu’on voit à travers l’air ou à travers l’eau, parce que le froid par la résistance qu’il oppose empêche que la chaleur ne se dissémine, tandis que si la vapeur des yeux était froide elle aurait la même température que l’air et s’y dissiperait. Pythagore appelle quelque part les yeux les portes du soleil. Il explique de la même manière les sensations de l’ouïe et toutes les autres.

Il divise l’âme humaine en trois parties : l’intelligence, la raison et le sentiment. L’intelligence et le sentiment appartiennent à tous les animaux ; l’homme seul a la raison. Le domaine de l’âme s’étend du cœur au cerveau, le sentiment réside dans le cœur, l’intelligence et la raison occupent le cerveau. Les sens sont comme des épanchements de ces parties de l’âme. La raison est immortelle, mais les autres parties sont périssables. L’âme a pour aliment le sang ; la parole est son souffle, souffle invisible comme elle, parce que l’éther qui le compose est invisible. Les artères, les veines et les nerfs sont les liens de l’âme ; mais lorsqu’elle s’est fortifiée, qu’elle s’est retirée en elle-même, calme et paisible, elle a pour liens la pensée et les actes. Une fois séparée du corps, elle ne quitte point la terre, mais continue à errer dans l’espace sous la forme du corps qu’elle habitait. Mercure est le gardien des âmes, et on lui donne les noms de conducteur, de marchand, de terrestre, parce qu’il tire les âmes des corps, sur la terre et dans les mers. Il conduit celles qui sont pures dans les régions supérieures ; quant à celles qui sont impures, il les tient éloignées des premières, séparées les unes des autres, et les livre aux furies pour les charger de liens indissolubles. L’air est tout rempli d’âmes ; ce sont elles qu’on dé-