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S’il n’y avait pas de Chrysippe, il n’y aurait point de Portique.

On lit, dans le huitième livre de Sotion, qu’à la fin il s’associa aux travaux philosophiques d’Arcésilas et de Lacyde, lorsque ceux-ci furent entrés dans l’Académie, et que c’est pour cela qu’il a écrit pour et contre la coutume et traité des grandeurs, des quantités, suivant les principes de l’Académie. Hermippus rapporte qu’il était un jour à enseigner à l’Odéon lorsque ses disciples vinrent le chercher pour un sacrifice ; il y but du vin doux sans eau, fut pris de vertiges et succomba cinq jours après. Apollodore dit dans les Chroniques qu’il mourut à l’âge de soixante-treize ans, dans la cent quarante-troisième olympiade. J’ai fait sur lui ces vers :

Chrysippe fut pris de vertiges pour avoir bu à longs traits la liqueur de Bacchus ; il ne s’inquiéta ni du Portique, ni de sa patrie, ni de lui-même, et s’en alla au séjour de Pluton.

Quelques auteurs prétendent qu’il mourut suffoqué par un fou rire : ayant vu un âne manger ses figues, il dit à sa vieille de lui donner aussi du vin pur, et là-dessus il se mit à rire si fort qu’il en mourut. Il paraît avoir eu un caractère hautain et dédaigneux ; car de tant d’ouvrages qu’il a écrits il n’en a dédié aucun à un roi. Sa vieille seule lui suffisait, au rapport de Démétrius dans les Homonymes. Lorsque Ptolémée écrivit à Cléanthe de venir le trouver ou de lui envoyer quelqu’un de ses disciples, Sphérus se rendit à cet appel, mais Chrysippe refusa. Il avait fait venir auprès de lui les deux fils de sa sœur, Aristocréon et Philocrate, qu’il se chargea d’élever. Il est le premier, suivant Démétrius, qui ait osé tenir école en plein air dans le Lycée.