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est bien des points sur lesquels je conserve des doutes. Le dixième livre surtout est hérissé de si nombreuses difficultés, le langage d’Épicure est tellement contourné, si peu conforme aux règles grammaticales, qu’il y aurait présomption de ma part à prétendre avoir toujours exactement rendu sa pensée ; je me suis efforcé du moins de ne m’écarter jamais de sa doctrine connue, et je crois y être parvenu sans faire violence au texte. Dans tous les cas j’ai abordé franchement la difficulté, aimant mieux faillir que me tirer d’embarras par une version à double entente.

Quant à la traduction elle-même, si elle ne se recommande pas par les qualités du style, il faut s’en prendre un peu à moi et beaucoup à l’auteur, dont la phrase hachée, embarrassée de périodes incidentes, se refuse obstinément à toute allure franche et élégante. J’aurais désiré aussi ne point rencontrer sous ma plume les grossiers bons mots de Diogène de Sinope et d’Aristippe ; mais comme il n’était pas en mon pouvoir de faire que Diogène ne fût pas cynique, j’ai traduit sans trop de scrupule les sottises qui lui échappent parfois ; j’ai pensé qu’il valait mieux encore lui conserver son caractère original que de substituer à ses burlesques traits d’esprit des palliatifs de ma façon.