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qui accordait une harpe[1]. N’avez-vous pas honte, lui reprocha-t-il, de savoir accorder les sons d’un morceau de bois, & de ne pouvoir accorder votre âme avec les devoirs de la vie ? Quelqu’un lui disoit,,, Je ne suis pas propre à la Philosophie''. Pourquoi donc, lui répliqua-t-il, vivez-vous, puisque vous ne vous embarrassez pas de vivre bien ? Il entendit un homme parler mal de son père, & lui dit : Ne rougissez-vous pas d’accuser de manque d’esprit celui par qui vous en avez ? Voyant un jeune homme d’un extérieur honnête, qui tenait des discours indécents : Quelle vergogne ! lui dit-il, de tirer une épée de plomb d’une gaine d’ivoire ? On le blâmait de ce qu’il buvait dans un cabaret ; J’étanche ici ma soif, répondit-il, tout comme je me fais faire la barbe chez un barbier. On le blâmait aussi de ce qu’il avoit reçu un petit manteau d’Antipater ; il employa ce vers pour réponse : Il ne faut pas rejeter les précieux dons des Dieux. [2] Quelqu’un le heurta d’une poutre, en lui disant, Prends garde : il lui donna un coup de son bâton, & lui répliqua, prends garde toi-même. Témoin qu’un homme suppliait une Courtisane, il lui dit : Malheureux ! pourquoi tâches-tu de parvenir à ce dont il vaut bien mieux être privé ? Il dit aussi à un homme, qui

  1. Selon H. Étienne, c’étoit un instrument à vingt cordes.
  2. Vers d’Homère