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quelqu’un trouvoit à redire à plusieurs pensées d’Antisthene. Zénon lui présenta un Discours de Sophocle, & lui demanda s’il ne croyoit pas qu’il contînt de belles & bonnes choses. L’autre repondit qu’il n’en savoit rien. N’avez vous donc pas honte, reprit Zénon, de vous souvenir de ce qu’Antisthene peut avoir mal dit, & de négliger d’apprendre ce qu’on a dit de bon ? Un autre se plaignoit de la brièveté des discours des Philosophes. Vous avez raison, lui dit Zénon ; il faudroit même, s’il étoit possible, qu’ils abrégeassent jusqu’à leurs syllabes. Un troisième blâmoit Polémon de ce qu’il avoit coutume de prendre une matiere & d’en traiter une autre. À ce reproche il fronça le sourcil, & lui fit cette réponse : Il paroît que vous faisiez grand cas de ce qu’on vous donnoit[1]. Il disoit que celui, qui dispute de quelque chose, doit ressembler aux Comédiens, avoir la voix bonne & la poitrine forte ; mais ne pas trop ouvrir la bouche ; coutume ordinaire des grands parleurs, qui ne débitent que des fadaises. Il ajoutoit que ceux, qui parlent bien, avoient à imiter les bons Artisans, qui ne changent point de lieu pour se donner en spectacle, & que ceux, qui les écoutent, doivent être si attentifs, qu’ils n’ayent pas le temps de faire des re-

  1. Allusion à ce que Polémon enseignoit pour rien. Fougerolles