Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’arrivai à bon port lorsque je fis naufrage. D’autres veulent qu’il se soit énoncé en ces termes à l’honneur de Cratès ; d’autres encore qu’ayant appris le naufrage de ses marchandises pendant qu’il demeurait à Athènes, il dit : La fortune fait fort bien, puisqu’elle me conduit par là à l’étude de la Philosophie. Enfin on prétend aussi qu’il vendit ses marchandises à Athènes, & qu’il s’occupa ensuite de la Philosophie.

Il choisit donc le Portique, appelé Pacile[1], qu’on nommait aussi Pisianaetée. Le premier de ces noms fut donné au Portique à cause des diverses peintures dont Polygnote l’avoit enrichi ; mais sous les trente Tyrans mille quatre cents citoyens y avoient été mis à mort. Zénon, voulant effacer l’odieux de cet endroit, le choisit pour y tenir ses discours. Ses disciples y vinrent l’écoute, & furent pour cette raison appelés Stoïciens, aussi-bien que ceux qui suivirent leurs opinions. Auparavant, dit Épicure des ses Lettres, on les distinguait sous le nom de Zénoniens. On comprenait même antérieurement sous la dénomination de Stoïciens les poètes qui fréquentoient cet endroit, comme le rapporte Ératosthène dans le huitième livre de son Traité de l’Ancienne Comédie ; mais les disciples

  1. Le mot Pacile signifie varié. Cet endroit étoit situé sut le Marché. Ménage. Le mot Stoïcien vient d’un terme qui signifie portique.