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d’une école pour les enfants arméniens. Nous sommes attendus avec impatience et reçus avec une amabilité parfaite. La physionomie du prélat respire la bonté ; ses traits, largement modelés, sont éclairés par des yeux intelligents et vifs ; sa barbe et ses cheveux grisonnants indiquent un âge en désaccord avec sa taille droite et fière. Cette belle tête est mise en relief par un capuchon de moire antique noire s’appuyant tout droit sur la calotte dure et retombant presque sur les yeux. Une ample robe de satin noir descend jusqu’aux pieds ; autour du cou s’enroule une longue chaîne d’or soutenant un christ peint sur émail et encadré de perles et de rubis.


Archevêque arménien


Les Arméniens qui entourent Sa Grandeur ont tout l’aspect de sacristains français, mais savent offrir à l’étranger le café et la pipe avec une bonne grâce qui ne manquerait pas de scandaliser les serviteurs de notre clergé national.

« Je suis heureux de vous voir, nous dit le prélat ; j’aime les Français. Puisque vous êtes venus à Tauris par la route du Caucase, vous m’apportez sans doute des nouvelles du Catholicos.

— Je suis désolé, Monseigneur, répond Marcel, de ne pouvoir satisfaire votre désir ; j’ai honte de l’avouer, mais j’étais déjà à quatre étapes d’Erivan quand j’ai entendu parler du couvent d’Echmyazin ; j’ai donc été privé de l’honneur de saluer l’archevêque.

— Je le regrette vivement, réplique le prélat. Le Catholicos, chef suprême de la religion