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Et traversé d’un bout à l’autre la géhenne,
Tandis que je rayonne et luis, moi séraphin,
Et quand, lasse, elle tombe, agonisante enfin,
Et pose sur la nuit sa tête exténuée,
Dieu ne lui doit rien ! vide, effacement, nuée,
Silence ; et le néant, oreiller de l’enfer !
Ô loi dont frémirait même un livre de fer,
Qui, par Néron dictée en un éclat de rire,
Ferait pleurer le bronze où l’on voudrait l’écrire !

Quoi ! je suis une bête et fais ce que je puis !
L’abîme ! et puis l’abîme, et puis l’abîme, et puis
L’abîme ! Ô désespoir ! ce serait la sentence !

Mais toi, l’élu risible, l’homme à quelle-distance
Es-tu de l’animal ? Le sais-tu ? Ta maison
Est celle du castor ; l’Égypte avait raison
D’être inquiète au seuil de la grande syringe ;
Es-tu sûr de ne pas jeter l’ombre d’un singe ?
Quoi ! l’animal n’est rien ! vaux-tu mieux par hasard ?
Le flatteur sait-il mieux ramper que le-lézard ?
L’envieux a-t-il plus d’esprit que la vipère ?
Qui, de l’homme ou du porc, est le fils ou le père ?
Vaux-tu le geai voleur que tu prends à l’appeau ?
Je voudrais bien savoir ce que c’est que ta peau,