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Des escaliers sans fin, portant des avenues
De monstres, s'étageaient, s'écroulaient dans les nues
Dont ils semblaient former le lit torrentiel ;
Des arches d'un seul bloc aux largeurs d'arc-en-ciel
Se croisaient, unissant des porches, des colonnes,
Tels que n'en ont jamais conçu les Babylones,
Et s'élevaient toujours, toujours, sous des monceaux
Démesurés de tours, de portiques, d'arceaux,
De chapiteaux massifs où des bêtes hybrides
Sur leurs trompes en l'air tenaient des pyramides.
Des frontons d'une lieue allaient se prolongeant ;
Des portes toutes d'or dans des murs tout d'argent
Étincelaient parmi des Alpes de décombres ;
Des abîmes de nuit s'engouffraient sous les ombres ;
Et partout, jusqu'au faîte, un million de dieux
Enveloppés ou nus, aveugles ou pleins d'yeux,
Noirs et ramifiés comme des madrépores,
Ou sans bras, éclatants comme des météores,
Debout, assis en cercle, accroupis ou rampants,
Enfouis jusqu'au ventre ou restés en suspens,
Horribles, couronnés de forêts en spirales,
Ou de mitres ayant l'ampleur des cathédrales,
Pullulaient, remplissant de leurs difformités
Les quatre sections des cieux épouvantés.
Et bien avant Babel, bien avant l'Atlantide,
C'était l'œuvre fameuse et la cariatide
D'un orgueil qui bouillonne avec le globe entier,
Bâtie avec le sang des vaincus pour mortier ;
La merveille des jours plus lointains que cet âge