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Mais partout elle voit la vie universelle
Affluer, tressaillir sous la forme ; elle entend,
Sous l'ombre ou sous la flamme auguste qui ruisselle,
Le labeur continu du globe palpitant.

Un principe énergique entre les foins circule ;
Son corps nage au milieu d'une molle clarté.
Dans la brume odorante et dans le crépuscule,
Avec l'astre qui tombe il se croit emporté.

La nuit fait resplendir des globes innombrables.
Il sent rouler la terre, et vers l'obscur destin
Il l'entend, par-dessus nos clameurs misérables,
Elle-même pousser un hurlement sans fin,

Qui s'élève, grandit, et monte, et tourbillonne,
Fait de chants, de sanglots, et d'appels incertains,
Et, dans l'abîme où l'oeil des vieux soleils rayonne,
Se mêle aux grandes voix des univers lointains.

Ces mondes suspendus à jamais dans le vide,
Il les voit tournoyer, il les entend gémir ;
Il entre en leur pensée, et sous sa chair livide
Sent le mortel frisson de l'infini courir.

Il se dresse, enivré d'un vertige effroyable
Sous cette angoisse immense, et sous la vision
De la vie infligée, ardente, impitoyable,
À l'amas effaré des corps en fusion.